Devenir minimaliste, un jour à la fois, ma petite histoire.
Ça fait déjà un bon moment que j'ai envie d'écrire ce post. Il est vrai que le minimalisme et la simplicité volontaire sont des sujets d'actualités. Tout autour de nous, les gens parlent qu'ils éprouvent l'envie de désencombrer leur espace, leur vie et leur tête. Parfois, le sentiment est là mais il est indescriptible... Je vous dirais que dans ma vie, le minimalisme est certainement une des meilleures découvertes que j'ai fait parce que NON, dans mon cas je ne suis pas née minimaliste: plutôt le contraire. J'ai toujours baigné dans l'abondance, j'ai toujours (ou presque) eu ce que je désirais, j'ai été gâtée, peut-être même trop. Sans mettre la faute sur personne, je me suis rendue compte que j'ai été depuis un très jeune âge, valorisée par les cadeaux, les possessions, les vêtements et les jouets que j'avais. Plus tard, à la période de l'adolescence, ça ne s'est pas amélioré. Il faut dire que j'ai toujours un l'appel de la fringue: j'ai toujours aimé avoir du style.
Vers les 16 ans, mon vrai premier emploi a été de travailler dans une petite boutique de vêtements. Bien qu'indépendante, toutes mes paies allaient dans l'achat de vêtements et autres accessoires, ainsi que dans les restaurants. JAMAIS je n'ai placé AUCUNE épargne. À quelques reprises mes parents me conseillaient de mettre un peu d'argent de côté, mais je faisais à ma tête. À l'université, même chose: je suis déménagée à Québec et encore une fois, je cherchais à travailler et SURPRISE, je me suis trouvé un emploi dans une autre boutique, cette fois-ci de vêtements haut-de-gamme. Je gagnais un petit salaire et vous devinerez que tout l'argent que je gagnais me servait à m'acheter des vêtements à cette boutique, mais aussi durant mes pauses et temps libres, j'allais aux autres boutiques de vêtements et de cosmétiques. Pour moi, acheter, posséder des milliers d'articles était valorisant, c'était avoir un certain statut social. Plus je possédais, plus j'était haute dans l'échelle sociale et aux yeux des autres, j'aimais bien paraitre. Je ne comprenais pas les gens qui n'avais pas le même mode de vie que moi. Je n'avais presque jamais les mêmes pièces de vêtements sur le dos et attention, je n'allais pas dans les petites boutiques peu dispendieuses, même si au fond, ça ne me correspondais pas DU TOUT... Quand j'y repense, j'avais vraiment un besoin compulsif d'acheter pour me sentir bien et ce sentiment était insatiable. Ma garde-robe débordait, pourtant j'avais le sentiment de n'avoir jamais rien à porter. Et mon coeur aussi était bien mauvais état: j'étais devenue une personne que je n'avais jamais vraiment voulu être. Je ne m'écoutais pas profondément et tout cela a résulté par une belle marge de crédit étudiante bien remplie!

C'était prévisible, vous me direz, je crois que je le savais aussi au fond, mais quand on est dans cette roue, ç'est extrêmement difficile de se contrôler, de s'en sortir. Je vivais paie par paie.
Quand j'ai rencontré mon amoureux, j'étais toujours à l'université et lui, 7 ans de mon aîné, avait un bon emploi stable comme militaire et il revenait d'une mission en Afghanistan. Il avait fait un bon coup d'argent. Faut dire qu'on en a profité: voyages, restaurants, achat de meubles, etc. Sky WAS the limit! Tout cela, sans JAMAIS avoir de budget: on dépensait notre argent, point final. Le pire dans tous cela, c'est que l'on se faisait offrir des prêts sans intérêt et nous, sans trop penser on se disait, bien oui, de toute façon on peut le rembourser, on a l'argent dans le compte! Puis nous avons eu notre premier enfant quelques années plus tard. Là encore, l'excès a été ÉPOUVANTABLE! Des vêtements de bébé à n'en plus finir, encore des voyages, des besoins superflus, des jouets et tous les gadgets possibles. IL ME FALLAIT TOUT! Ce bébé ne devait manquer de rien! Aussi, nous avons été très gâtés par la famille et les amis. Les garde-robes débordaient et les rangements aussi.
Dans toutes les sphères de ma vie, j'avais TROP de trucs: dans la cuisine (2 ou 3 ensemble de vaisselle, 3 ensemble de coutellerie, des verres à vin à l'infini, etc), dans la salle de bain (serviettes de bain, produits de beauté et décoration superflue), dans les chambres à coucher (3 à 4 ensemble de draps par chambre, quantité de vêtements qui s'accumulait de semaine en semaine, des bijoux pour tous les jours de l'année), dans le salon (des livres lus qui sommeillaient dans la bibliothèque, des CDs qui monopolisaient les tiroirs) et dans le garde-robe d'entrée ( paires de chaussures et de bottes en quantité phénoménale sans parler de la quantité de manteaux).
LE GRAND VIRAGE a commencé après la naissance de notre deuxième garçon: déjà qu'à Mathis, j'avais toute la difficulté du monde à aller le porter à la garderie et il arrivait souvent que je décidais de rester avec lui le matin, le coeur me déchirait juste à l'idée de réveiller ce petit garçon de 10 mois pour aller travailler. Lorsque je portais Antoine, je travaillais dans le secteur financier et j'avais de bonnes conditions de travail. J'étais destinée à une belle carrière. C'est quelque temps après sa naissance que nous avons appris que nous devions déménager dans le coin de Montréal. Et c'est là que la décision c'est prise, conjointement: nos enfants seront élevés à la maison. De toute façon, j'ai toujours eu une passion pour l'éducation des enfants.
ET c'est à ce moment que j'ai réalisé l'ampleur de notre situation: avec un seul travail rémunéré, on y arriverait JAMAIS. J'étais prise au dépourvu, mes valeurs avaient changées ou j'aime plutôt dire que mes vraies valeurs sont revenues à la surface. Si je n'allais plus travailler, et bien il fallait trouver une autre solution pour pouvoir vivre!
J'ai alors commencé mes recherches: comment faire un budget, comment payer ses dettes, etc. La réponse était pourtant évidente: il devait y avoir plus d'entrées d'argent que de sorties. Ne pouvant pas "créer" de l'argent supplémentaire, nous avons alors décidé de vendre beaucoup de ce que l'on possédait: des lits et matelas en trop, des outils, ma voiture, des cadres, des vêtements, au fond TOUT ce qui avait une valeur marchande. On s'est mis aussi à acheter des articles usagés, lors d'extrême nécessité. Je réalisais de jour en jour que même si nous avions de moins en moins de possessions matérielles, le bonheur était toujours au rendez-vous et je dirais même que je me sentais de mieux en mieux. J'ai lu sur le minimalisme, la simplicité volontaire, le zéro-déchet, l'alimentation végétarienne (et plus tard un peu végétalienne), j'ai écouté des centaines de documentaires inspirants et j'ai vraiment trouvé ma voie.
Je me suis mise à épurer TOUTES les pièces et à DONNER. Le sentiment était indescriptible! Au début, c'était plus difficile, je me sentais plus attachée émotionnellement aux objets. Mais au fur et la mesure que le temps avançait, le mieux je me sentais. Je dirais même que j'ai découvert la personne que j'étais réellement: sans tous les "flaflas" matériels qui m'entouraient. On dira ce que l'on voudra, mais quand nous sommes au pied du mur, que plus d'autres solutions s'offrent à nous, c'est à ce moment que la créativité embarque et que la débrouillardise aussi. Je me suis tourné vers le yoga en ligne (merci Yoga with Adriene) et le plein-air à la place de me chercher milles et une activités payantes.

Depuis ce temps, il n'y a pas une semaine où je ne dépose pas un article à donner dans notre bac de "dons", je compte sur mes doigts les achats neufs que nous faisons, nous vivons très bien avec un budget et je suis toujours à la maison, à m'occuper passionnément de nos enfants.
NOËL s'en vient à grands pas et c'est la période de l'année où l'on dépense le plus et où l'on S'ENDETTE le plus aussi. J'ai déjà passé par là, à offrir des centaines de dollars de cadeaux à mes proches et à en payer le prix les mois suivants. Ça fait déjà plusieurs années que nous n'offrons plus de cadeaux à nos proches pour leur prouver notre amours, du moins du matériel. Parfois on fait une petite échange de cadeaux, on offre des cadeaux faits maison, on s'invente des projets et on en profite simplement entre nous. Nos trois garçons auront quelques cadeaux sous le sapin cette année et ils seront méticuleusement choisis. Nous aimerions diminuer davantage d'années en années sans toutefois qu'ils ne se sentent trop bousculés.

Tout cela pour finalement dire (plutôt redire) que j'ai mon parcours à moi et que le minimalisme est arrivé par la porte d'à côté, car nous n'avions pas le choix de changer nos habitudes afin qu'elles concordent plus avec le mode de vie vers lequel nous désirions nous diriger. Ce fût par contre le début de la plus belle des aventures! Il a chamboulé toute notre vie et nous a fait revisiter nos valeurs. Vivre dans la simplicité volontaire est certainement aller à contre-sens de ce que l'économie veut: c'est moins acheter, c'est prendre le temps, c'est d'apprendre à ne pas toujours désirer ce que l'on a pas. Mais j'ai la forte certitude que beaucoup de gens comme moi, de couples, de familles ont ce profond désir de simplifier.
Et vous, atteindre un certain niveau de minimalisme est-il un de vos objectifs de vie? L'êtes-vous déjà? Quelles ont été vos plus belles découvertes et vos plus grands défis?