Et si on s’offrait le beau, la vie… et si on s’offrait un potager! // COLLABORATION VÉRONIQUE
« pas fait pour moi » « trop compliqué » « pas le temps » « mes enfants vont tout saccagé » « mes chats vont le manger avant moi… » Bon désolée, je ne suis pas une pro de l’esprit félin, mais pour toutes les autres raisons je peux facilement vous rassurer avec les quelques lignes suivantes…
Je vous invite à essayer, écrire, critiquer, goûter, rire et s’amuser! Et tout ça, dans le but de manger des verdures, fruits et légumes cultivés tellement près de vous, qu’ils auront rapidement rempli votre salon dès les prochaines semaines…

Par où commencer?
Première étape, c’est d’identifier si l’univers est de notre côté… ce que ça veut dire, si vous habitez dans un sous-sol, là où la lumière du jour ne pénètre pratiquement jamais, là où une fraicheur règne et où les courants d’air purifient votre environnement… On parle d’un autre genre de défi, pensez à installer une lumière d’appoint, à tempérer l’espace et « stabiliser » l’environnement. Si au contraire, dans le passé, un cimetière de plantes orne le bord de votre fenêtre car à midi la température monte à 40 degrés Celcius, ou votre passion est de (sur)chauffer au bois de septembre à avril… ce sera, là aussi, une autre paire de manches au niveau de la facilité d’implantation de vos petits jolis semis… Bref, avec une demeure « normale » avec des fenêtres orientées sud-est par exemple, loin des sources de chaleur directes, on peut facilement penser faire pousser quelques choses.
Le matériel
On peut rapidement trop acheter de trucs au départ ( oui oui … propriétaire d’un centre-jardin je vous dis de ne pas trop acheter de patentes… Je préfère que vous alliez de plaisants petits succès durables plutôt que vous dépensiez tout votre budget sans vouloir le refaire l’année prochaine!)
Donc les essentiels :
Contenants : On priorise les contenants recyclés bien lavés, les contenants d’œufs pour des cultures rapides (Les concombres qui seront plantés rapidement à l’extérieur par exemple), les pots de yogourt hauts et profonds pour les cultures plus longues (Le basilic est un grand frileux, on veut le garder le plus longtemps possible à l’intérieur!) On peut aussi travailler avec des plateaux, car un semi ne prend pas le même espace qu’un plant mature… il faut toutefois penser que petit plant deviendra grand! En jardinerie, on peut offrir à nos clients, des plateaux utilisés par les pros, des pots en fibre ou des pots de plastique troués. Bien laver les pots que vous utilisez, les petites plantules sont fragiles en début de vie!
Terreau : On veut un terreau très léger qui laissera toute la place aux petites racines de se développer. Un terreau léger excusera aussi plus facilement les erreurs d’arrosage des pompiers… souvenez-vous, vaut mieux arroser moins et d’en ajouter… car si on en met trop, on ne peut en enlever!
L’eau : La plupart des gens qui liront cet article auront accès à l’eau distribuée par la ville, une eau neutre, ayant un faible taux de salinité. Si vous êtes dans le même cas que moi, un puit artésien nous alimente. Sachez que parfois, si la réussite de vos semis est plutôt …. Moyenne… voir poche… ce n’est peut-être même pas de votre faute, mais davantage celle de votre eau. Celle-ci a un grand impact sur la croissance des semis. Si le cœur vous en dit, faites fondre de la neige et la réchauffer à température pièce. Utilisez-la pour arroser vos semis!
Les semences : Privilégiez les semences bio. Pourquoi? Simplement que la production du plant qui vous fournit les semences a été cultivé plus sainement. Il serait faux de penser que sur les semences « non-bio » que vous pourriez utiliser, on retrouve de la dynamite et du poison… non évidemment pas! Toutefois, dans une optique plus durable on préfère utiliser les semences bio, ou simplement « non-traitées » Une variété vous intéresse et vous ne la trouvez pas dans la sélection bio de votre jardinerie préférée? Prenez le sachet « conventionnel », vous pourrez, vous de votre côté, mettre tous les efforts pour que votre production soit le plus naturel possible!
Et l’engrais maintenant? Chez nous, on fertilise les semis seulement lorsque les vraies petites feuilles sortent. Les 2 petites feuilles du départ se nomment des cotylédons. Le plant ne nécessite pas d’apport en engrais supplémentaire à ce stade. Passé ce stade, je vous conseille de fertiliser doucement avec une algue marine diluée dans votre eau!
Faire son plan
Ça y est vous avez tout votre matériel, vous êtes prêts (es) à commencer. C’est aujourd’hui que ça se passe! Vous êtes allés à la jardinerie et vous avez acheté tous les sachets qui avaient une chouette étiquette. Superbe, mais comment poussera la rabiole blanche que vous allez semer aujourd’hui et comment vous allez la cuisiner… ? Aussi, dans le sachet, on retrouve souvent plusieurs petites graines, souvenez-vous.. petit plant deviendra grand… et nécessitera de plus en plus de place, de plus en plus d’arrosage et de plus en plus d’engrais afin d’avoir un certain succès. Détrompez-vous, loin de mon idée de vous décourager d’essayer des nouveaux légumes ou fruits, toutefois, il faut quand même demeurer réaliste. Ceci teintera votre expérience de jardinage. Je vous conseille de lister les légumes et fruits prioritaires, et d’évaluer votre consommation de ceux-ci. Est-ce que 20 plants de tomates est réaliste pour votre famille, car vous les aimez à toutes les sauces ? Est-ce que 20 plants de cerises de terre est réaliste pour votre famille ??? 😊 à vous de voir! Ultimement, un plan de votre jardin en contenant ou en pleine terre sera primordial. Le plan servira à faciliter le compagnonnage de vos petits trésors verts. Autre avantage de ce plan est de se démêler dans la rotation des cultures. Pour faire un résumé très court de cette notion : éviter de planter des végétaux de la même famille botanique sur la même surface année après année. Maladies et insectes sont plus susceptibles d’endommager vos cultures sans attention particulière à la rotation des cultures. À l’intérieur, vérifier fréquemment vos bébés… on peut agir plus rapidement avec un intrus qu’avec une colonie !!

Quelques coups de cœur
Cerise de terre : à partir à l’intérieur. Très très productif. À traiter comme un plant de tomate. Super intéressant de ramasser les fruits et voir la progression de ceux-ci avec les enfants… ça pratique la patience 😉
Tomates : À partir à l’intérieur. Toutes les tomates, mais pour petit espace ce pourrait être la Sweet N’ neat. Belle tomate sucrée et compacte! Saviez-vous que vous pouvez enfoncer plus profondément le plant tomate? Les poils le long de la tige formeront des racines rendant votre plant plus fort et résistant!
Concombre mexicain ou cucamelon : Le seul concombre au feuillage décoratif et très peu maladif que je connaisse. Il produit des concombres gros comme un raisin. Parfait pour les collations des enfants ou pour les conserves! Attention malgré sa petitesse, il est bien vigoureux et nécessite de l’espace. À semer à l’intérieur et sortir à l’extérieur dès que les nuits sont plus chaudes que 10 degrés Celsius
Chou-rave : on peut le partir à l’intérieur mais le sortir très tôt en saison car c’est un légume de frais. Ce type de chou très différent des autres, est parfait en crudité, cuit, en grillade etc. Il est facile de culture. Oui les insectes l’aiment bien aussi, ceux-ci mangent leurs feuilles et nous mangeons la partie renflée, le partage quoi 😊 . Le laisser pousser pour qu’il ait la grosseur d’une balle de tennis, sans plus.
Poivrons Collation Mini-sweet : Les poivrons sont assez capricieux de culture. Les semis sont sensibles à la fonte des semis, la pourriture, aux intrus etc. Le repiquage doit se faire méticuleusement. Le collet de la plante doit être planté à la même hauteur que le niveau de la terre, pas plus haut pas plus bas. Une fois vos plants de poivrons grandis, ils auront besoin de matière organique ( beaucoup de compost), de chaleur et de soleil! La culture au Québec des poivrons sucrés peut parfois être décevante. Voilà pourquoi je vous conseille un petit poivron collation très sucré. Plus de chance de réussite, plus grande quantité de fruits!
Bok-choy ou tatsoi : Des cultures faciles à faire à l’intérieur et par temps frais à l’extérieur. Ceux-ci détestent les grandes chaleurs. Ils sont vraiment faciles à germer et rendre à maturité. Il suffit d’être tôt en saison. Le goût est sans aucun doute plus intéressant qu’en épicerie!
Asperge : pour les patients ou les amants de défi… pourquoi? Seulement pour la longue durée de culture avant de pouvoir inviter ses copains à souper avec quelques asperges poêlées au menu. Il faut s’armer de patience. La 1ère année sera consacrée entièrement aux semis. La deuxième année on pourra transplanter en pleine terre les griffes ( tige souterraine de l’asperge) à partir de la troisième année, on pourra manger quelques-unes par-ci par-là. Attention au désherbage de votre culture. Les tiges non récoltées vous offriront un magnifique paysage tout au long de l’été tout en permettant aux griffes d’emmagasiner de l’énergie pour la prochaine saison.
Toutes les herbes fraîches : Chaque aromate apporte son je-ne-sais-quoi aux repas estivaux. Je vous conseille d’y aller sans réserve! Que ce soit d’une menthe marocaine, d’un basilic grec ou d’une coriandre vietnamienne, essayez! Les herbes demandent tellement peu d’entretien et plus on les accueille plus elles nous en offrent!
Il est intéressant de faire ses semis dans la maison, mais si suite à la lecture de ce billet, le tout vous décourage, sachez qu’en jardinerie, nous semons pour vous les plants les plus longs à faire pousser. Ceux-ci sont prêts au bon moment avec une bonne vigueur à être plantés au potager. D’autres légumes n’ont nul besoin d’être parti à l’intérieur par exemple, les légumes racines, la plupart des concombres ou les verdures ( à moins d’en faire pousser à l’intérieur, dans ce cas, celles-ci vous offrirons un meilleur succès que les autres genres de légumes étant donné qu’elles nécessitent moins de lumière pour produire quelque chose de potable!) Aussi, cordonnier mal chaussé que je suis parfois… je fais mon propre potager à la fin- juin.. et oui! Par manque de temps et d’énergie, j’avoue laisser le plus longtemps possible mes futurs plants dans les serres. Aies-je des légumes en même temps que les autres? Oui à quelques jours près… car la terre est chaude, la température est plus clémente pour les nouvelles plantations. Alors il n’est pratiquement jamais trop tard pour débuter son jardin!

Ah si seulement je pouvais vous parler toute la journée de toutes les particularités, les trucs, les coups de cœur etc… mais toute bonne chose à une fin, et il faut maintenant se lancer! Je demeure disponible et tellement intéressée à vous aider à entrer dans ce magnifique monde horticole.
Dernier conseil : prenez des notes, d’une année à l’autre, créez votre journal de bord du jardinier passionné!
Véronique Lajoie
Ferme Horticole Lajoie